La nouvelle humanité

Carnets d’un monde à naître

La Nouvelle Humanité est un sanctuaire d’exploration lente,
pour celles et ceux qui pressentent qu’un autre monde est possible.

par | 13 juillet 2025 | Perspectives

13 juillet 2025

Un village de cent âmes

Cette réflexion explore un modèle social fondé sur un village de cent personnes, sans chef, sans monnaie, où chaque rôle est incarné avec fluidité et où l’échange repose sur la confiance et la circulation du vivant.
Un village à cent âmes
Image générée par Midjourney.
Et si l’on pouvait réinventer la société à partir d’une simple intuition : cent personnes, un village, aucun chef.

Ce n’est pas une utopie bleue. C’est un modèle déjà pensé, testé, et adapté par plusieurs collectifs. Un modèle qui évoque, oui, le village des Schtroumpfs. Mais sans grand schtroumpf. Sans chapeau rouge. Sans caricature. Seulement des êtres humains animés par un même élan : vivre ensemble autrement.

Dans ce village, tout commence par un seuil symbolique : cent personnes. Ce n’est pas un chiffre arbitraire. C’est la taille suffisante pour que tous les besoins essentiels puissent être couverts, tout en gardant une proximité humaine. Assez pour que chacun ait un rôle, une place, une reconnaissance. Mais pas trop pour que le lien se dilue. Ce seuil n’est d’ailleurs pas qu’une intuition : il s’ancre dans les travaux du chercheur Robin Dunbar, qui a proposé que 150 est la limite cognitive du nombre de relations sociales stables qu’un individu peut entretenir. En dessous de ce seuil — autour de 100 à 115 personnes — un groupe peut fonctionner sans hiérarchie rigide, par simple reconnaissance mutuelle, échange oral, mémoire partagée. C’est la taille typique de nombreux villages traditionnels, de tribus, de compagnies militaires… Assez grand pour couvrir tous les besoins. Assez petit pour rester humain.

Cent, c’est aussi la possibilité de ne pas connaître tout le monde parfaitement. Il y a toujours quelqu’un que l’on croisera moins. Quelqu’un à découvrir. Ce flou relance sans cesse la curiosité, l’échange, la rencontre. C’est un antidote à la routine sociale.

Chacun, dans ce village, est « source » de quelque chose. L’expression est empruntée à la gouvernance par source : chaque élan vient d’une personne qui porte, initie, incarne une intention. Certains sont source du potager collectif. D’autres de l’atelier vêtements, de la réparation énergétique, des veillées artistiques ou de l’accueil des enfants. Une même personne peut participer à plusieurs sphères, mais toujours en lien avec ce qu’elle a naturellement à offrir. Il n’y a pas de chef. Pas de hiérarchie figée. Seulement un groupe de cinq personnes, renouvelé tous les six mois environ par consentement général, choisies pour leur ancienneté, leur recul, leur posture de sagesse. Ce groupe n’impose rien. Il veille. Il garde le cap collectif. Il arbitre quand nécessaire. Il est un repère, pas un pouvoir.

Dans ce modèle, toute la base est couverte : alimentation, construction, habillement, énergie, éducation, soin, gouvernance, transmission, justice, santé. Mais chaque clan a aussi une couleur propre, une spécificité, une vision à apporter à l’ensemble de la toile interclanique. Un clan est gardien de la mémoire, un autre de l’innovation, un autre de la musique, ou du lien aux animaux, ou de l’artisanat ancien.

Les membres peuvent voyager d’un clan à l’autre. En stage. En période de transmission. Par curiosité. Il n’y a pas de monnaie. Pas de troc. Pas d’échange quantifié. Tout circule par passion, par joie, par bienveillance. L’intelligence collective veille à l’équilibre global, comme un réseau vivant d’écosystèmes humains coopérants.

Ce n’est pas un rêve lointain. C’est une expérimentation possible. Et peut-être, la plus simple des réponses à une question ancienne : comment vivre ensemble sans se perdre ?

Sources :

Tu devrais aussi aimer

La RetraiteChapitre 2

« La Nouvelle Humanité, le clan des Brevelles »
Chapitre 2

Seul face à l’océan, William cherche le silence. Mais ce qu’il trouve dépasse tout ce qu’il pouvait imaginer.

L’effondrement inéluctable du mental occidental

Le chaos qui nous entoure n’est pas une fin, mais une mue. Une chance, même, de réapprendre à sentir, à vibrer, à choisir autrement. Selon Philippe Guillemant, c’est notre vision mentale du monde qui s’effondre, pas l’humanité.

Trois heures par jour

Et si la vraie révolution tenait en une simple réduction du temps de travail ? Trois heures par jour, pas plus. Une idée d’apparence folle, pourtant étrangement sensée. Inspiré par le roman Paresse pour tous, ce texte explore les ressorts d’une société du temps retrouvé et les pistes concrètes d’une telle transition.