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Comment se connecter à l’âme ? La question me revient souvent, dans le silence ou au détour d’une marche. Elle semble immense, presque insoluble, et pourtant je sens au fond de moi que la réponse se trouve à portée de main. L’âme, je ne la conçois pas comme une abstraction éthérée. Je crois qu’on peut lui donner une forme, une existence tangible. Certains avancent qu’elle habiterait une autre version de l’univers, un espace parallèle qui vibre en même temps que le nôtre. Quand j’entends cela, je ne cherche pas à prouver, mais je me dis que c’est plausible. Que l’âme n’est pas un fantasme, mais une réalité subtile que nous avons simplement oublié de regarder. Mais la vraie question demeure : comment s’y relier ? J’ai longtemps cru qu’il fallait chercher des techniques complexes, méditer des heures, réciter des mantras. Et puis j’ai compris que le chemin passait d’abord par un mot simple, mais vertigineux : le déconditionnement. Trois centres nous enferment et nous éloignent de l’âme : le mental, l’émotionnel et l’ego. Le mental, je le connais bien. C’est lui qui me réveille la nuit, qui commente, qui projette. Il me tient dans une cage de pensées dont je ne trouve la sortie que dans le mouvement. Lorsque je marche longtemps dans la nature, il finit par se taire. Le bruit des pas sur la terre, l’odeur d’humus après la pluie, la lumière qui filtre à travers les feuilles : tout cela m’aide à lâcher prise. C’est dans ces moments que je sens un espace s’ouvrir, une paix qui n’a pas besoin de mots. L’émotionnel, lui, est plus sournois. Il m’a fallu du temps pour comprendre combien mes peurs, mes colères ou mes blessures m’empêchaient d’écouter l’âme. Retrouver la confiance, oser s’abandonner, croire que la vie ne cherche pas à m’écraser : voilà le vrai travail. Ce n’est pas immédiat, c’est un chemin d’éducation intérieure. Chaque fois que je dépasse une peur, que j’accueille une émotion au lieu de la fuir, j’ai l’impression que mon âme reprend un peu plus de place. Et puis il y a l’ego. C’est sans doute l’obstacle le plus coriace, mais aussi le plus visible. Je peux l’observer. Les autres me le renvoient, parfois crûment. Il m’arrive de me voir m’agripper à une image de moi, à une possession, à un rôle social, comme si j’avais besoin de prouver que j’existe. Pourtant, dès que j’accepte de lâcher cette façade, je me sens allégé. Comme si l’âme attendait que je me dépouille pour se montrer. Lorsque ces trois conditionnements desserrent leur emprise, la connexion à l’âme n’a plus besoin d’être cherchée. Elle s’impose d’elle-même. Et sa signature est claire, limpide. Ce n’est pas le plaisir fugace de la consommation, ni la reconnaissance extérieure. C’est la joie. Une joie qui surgit sans raison, la joie simple et profonde d’être en vie. Alors je comprends : me relier à mon âme, ce n’est pas fuir le monde ni m’élever vers un ailleurs. C’est revenir ici, dépouillé de mes peurs, de mes masques, de mes illusions. C’est retrouver la joie. Et dans cette joie, c’est moi-même que je rencontre enfin.