Dans un article publié par Forbes, Bernard Marie Chiquet présente les « principes Source » comme une approche alternative du leadership et de la gouvernance, fondée non plus sur la possession ou la hiérarchie mais sur l’écoute d’une impulsion créatrice. Inspirés du travail de Peter Koenig, et développés par Stefan Merckelbach et Tom Nixon, ces principes proposent une vision organique de la responsabilité : dans tout projet vivant, il y a une personne Source, celle qui reçoit l’énergie première, qui porte la vision, qui l’incarne.
Ce rôle n’est pas un titre, encore moins un pouvoir. La Source n’est pas le chef, mais le point d’émergence. C’est elle qui capte le premier frémissement d’une idée, qui ressent la direction juste avant qu’elle ne prenne forme. Elle a ensuite trois responsabilités principales : créer, clarifier, et garder le cap. Mais surtout, elle ne possède rien. Elle reçoit, transmet, et veille.
Dans cette conception, l’énergie d’un projet n’est pas détenue, elle circule. Le leadership devient un canal plutôt qu’un sommet. La structure s’organise autour de la vision, et non de l’égo. L’autorité se transmet par la cohérence, non par le statut.
Ce modèle, bien qu’encore marginal dans les entreprises classiques, résonne avec nombre d’expériences collectives contemporaines. Il questionne le lien entre puissance et souveraineté, et réintroduit une notion oubliée : celle de l’origine sensible. Non pas d’une stratégie, mais d’un élan. D’une intuition initiale que tout projet devrait respecter sous peine de se détourner de son intention première.
Dans le cadre de La Nouvelle Humanité, ces principes trouvent un écho particulier. Les clans qui se forment dans cette vision du monde ne sont pas fondés sur une distribution de compétences, ni sur une répartition de pouvoirs, mais sur une circulation des forces. Chaque membre peut devenir temporairement la Source d’un processus, d’un soin, d’une construction, tant qu’il est aligné vibratoirement avec l’intention du groupe.
Cela exige une confiance totale dans l’écoute fine. Une discipline collective pour reconnaître qui porte quoi, à quel moment. Une souplesse structurelle qui autorise les rôles à être des zones de passage, et non des places fixes.
Cette approche déplace le centre de gravité : de la structure vers l’énergie, de la stratégie vers la vision, de la compétence vers l’état d’être. Elle permet à des collectifs de rester vivants, de ne pas se figer, de respecter la source d’un projet tout en la partageant. Elle honore les impulsions individuelles sans les confondre avec la propriété. Elle transforme le pouvoir en service.
Dans un monde où tant de projets s’effondrent faute d’avoir respecté leur élan premier, la gouvernance par Source n’est pas une alternative idéologique. C’est une pratique de l’écoute, une éthique du soin, une architecture souple pour une nouvelle manière de faire ensemble.
Et peut-être même une clef pour désactiver la spirale de l’égo qui, trop souvent, récupère ce qu’il n’a pas reçu.
- La puissance des principes Source de Bernard Marie Chiquet – Forbes – 16 mars 2022.